{ Seule au monde ? { Aaron }

* C’est un de ces jours où en se réveillant, on retrace les derniers jours qui se sont écoulés, et où l’on s’aperçoit que nos souvenirs de la veille sont tellement flous qu’il s’est forcément passé encore une fête où vous avez trop bu. C’est un de ces matins, où en ouvrant un œil j’aperçois un jeune homme d’une vingtaine d’année, peut être un peu plus, allongé près de moi. Mes sens se mettent alors en éveil, cherchant désespérément comment en suis-je arrivée là, encore une fois ? C’est étrange combien les souvenirs peuvent s’amuser à rester flous, nous laissant un goût amer. Je ne me rappelais plus de comment nous nous étions connus, mais son visage pâle et paisible ne me donnait qu’une envie, fuir, rapidement. Le mal de tête qui s’était emparé de mon être ce matin là était presque insurmontable, et l’envie de fermer les yeux et de me rendormir, encore quelques heures étaient bel et bien présente, mais c’était impossible si je voulais disparaître de la vie de cet homme avant son réveil. Repoussant machinalement le drap qui recouvrait mon corps complètement dénudé, je me levais, tant bien que mal, tout en observant les paupières closes du jeune homme avec qui la nuit avait dût être mouvementée, et sûrement très agréable. Mais mes souvenirs restaient tout de même flous. Et je ne me rappelais même plus de nos baisers sûrement bouillants. Non, plus rien, le grand trou noir. Sûrement dut à l’alcool. Cela ne pouvait être que ça de toute façon. Il n’avait l’air méchant, et il était assez séduisant, je me rappelais petit à petit, de façon assez énigmatique ma soirée. De brefs moments, ou plutôt de brefs sentiments qui me submergeait. Des brides de sensations, assez étrange. Ca ne me rendait pas vraiment plus amère, cela me donnait presque un petit sourire sur le visage. Pourquoi lui ? Pourquoi encore ? Simplement parce que ainsi, le temps d’une soirée, je me sentais importante. Pour quelqu’un. Des millions de gens cherchaient désespérément à être important aux yeux de quelqu’un, le plus souvent de la personne qu’ils aiment, mais je ne cherchais pas cette admiration constante. Je me contentais d’une simple attirance, me rendant belle le temps d’une soirée. Être désiré me suffisait, même par un pur inconnu. Je ne suis que Roxanne Johnson, pas de quoi s’attarder toute une vie. Certains pourraient penser que je suis sûre de moi, que je me trouve magnifique, et que ma façon d’agir traduit l’immense fierté que j’ai de moi et de mon corps. Ce n’est pas faux. J’aime ce corps presque parfait, j’aime ce visage au trait simple et pourtant joli, j’aime mes yeux lorsque je souris, mais je ne suis pas vraiment la fille sûre d’elle que je parais. Comment l’être quand personne ne s’est jamais lassé de vous ? Mes premiers amours m’ont abandonnés, m’ont brisés le cœur, et ne sont jamais restés longtemps. Mes amis ne sont là que lorsque je vais bien, où qu’ils en ont besoin, et aucune de mes conquêtes d’une nuit ne cherche à construire quelque chose avec moi. Je suis simplement une jeune femme, séduisante qui est capable de rendre un homme heureux au lit… Rien de plus. Je ne suis pas assez exceptionnelle pour être aimée toute une vie, sûrement… Je ne sais pas. C’est peut être l’alcool qui me rend aussi pessimiste. Peut être pas. Quoi qu’il en soit, je ramasse mes vêtements et les enfile à la hâte, essayant de faire le moins de bruit possible. Fuir avant son réveil, lui laisser simplement les draps froissés pour se souvenirs de moi, ne pas laisser de trace visible de mon passage, pouvant ainsi, si l’alcool flottait encore dans son sang, lui faire penser à un rêve. Comme si mon passage dans ce lit n’était pas vraiment réel. C’était stupide. Ou pas. Mes chaussures à la main, je n’avais plus qu’une chose en tête, fuir cette chambre qui par sa beauté était sûrement l’une du grand hôtel dans lequel moi aussi je séjournais. Ou c’était plutôt sûr, que cet hôtel était celui des Cohen. Doucement, la poignée en main, je sortais de la chambre, lançant un dernier regard en arrière pour être sûre de ne pas réveiller le jeune homme avec qui cette nuit avait été sûrement excitante… La porte refermée, moi sur le pallier, personne dans le couloir. Un petit soupir de soulagement s’échappa de mes lèvres, comme si le plus dur était fait, comme si fuir avait été la seule solution. De toute façon, à quoi bon rester ? Je ne me souvenais même pas de son nom, au quel cas il me l’aurait dit. Je ne savais rien de lui, si ce n’est que ses traits graves m’avaient attiré à lui étrangement plus tôt dans la nuit. Un léger regard sur mon portable, se trouvant dans le petit sac que je venais de ramasser près de mes vêtements, éparpillés dans la chambre. Encore tôt, il faisait presque nuit, ça en devenait presque étrange, d’être levée si tôt, et de finalement, ne plus avoir envie de dormir. Aucune envie de me plonger sous ma couette pour terminer mes heures de sommeil en retard. Non, un peu d’air, c’est tout ce dont j’avais besoin. Enfilant mes chaussures, une main contre le mur, je ne pouvais qu’espérer que personne ne passe dans ce couloir, à une heure aussi nocturne. Mais ce n’était sûrement pas le cas. J’étais loin d’être la seule à faire la fête toute la nuit et à profiter de la matinée pour dormir. Ici, c’était presque le train train habituel de tout le monde, personne n’y échappait, non, pas ici, dans l’Upper East Side. Les escaliers me semblaient être le chemin le plus long mais aussi celui où être sûre de ne rencontrer personne. Alors après une minute d’hésitation, je me lançais déjà dans la descente de cet immense hôtel. A présent, c’était sûr, c’était bel et bien l’hôtel des Cohen. La beauté du lieu ne pouvait que le confirmer. Comment pourrait-il en être autrement ? *

Descendant les escaliers, vêtue de sa petite robe blanche en mousseline, courte, épousant parfaitement les formes de sa silhouette féminine. Elle était assez séduisante, et sa façon de mettre un pied devant l’autre, faisant en même temps danser la robe sur son corps parfait lui donnait l’allure et la grâce d’une danseuse. Elle était assez perdue cependant, et ses cheveux, se bataillant un peu n’était pas impeccablement coiffés. A cet instant, Roxanne s’en fichait complètement. Que quelqu’un ne la voit, ou encore ne se doute de sa soirée. De toute façon, rares étaient les personnes qui n’avaient pas été au courant de son tempérament à la fête, à l’alcool et aux garçons, une certaine Gossip Girl s’était même quelque peu attardé sur la question. Roxanne ignorait complètement qui était la personne qui se cachait derrière ce pseudonyme et en réalité, elle s’en fichait royalement. Elle avait l’habitude que l’on parle d’elle, elle savait qu’elle était le centre de conversation de beaucoup de monde, elle, son comportement jugé de traînée et sa façon d’être, sois disant, d’allumeuse. Elle s’en fichait. Elle ne s’arrêtait plus sur ce que pouvait penser les gens, c’était loin de lui déplaire de voir que sa vie intéressait autant de personnes. Alors, ils pouvaient continuer à penser ce qu’ils voulaient, tant qu’elle pouvait continuer à agir comme elle voulait, elle. Elle était à présent, dans le petit jardin de l’hôtel. Le soleil se levait à peine, la lumière de ce début de journée était tout simplement magnifique. Quelques rayons de soleil commençait à arriver, et la fraicheur de la matinée, faisait un bien fou à la jeune femme. C’était ce dont elle avait vraiment besoin, pour commencer à se débarrasser des grammes d’alcool encore présent dans son sang. Elle avait souvent penser qu’arrêter de boire et de fréquenter des hommes était peut être la solution, mais elle en était incapable. Elle avait envie de profiter, simplement. Un petit banc était libre, ils l’étaient tous en fait. Personne n’était encore présent dans le jardin, c’était assez étrange d’ailleurs, quoi que non, vu l’heure qu’il était. Elle se laissa tomber sur le banc et posa son petit sac à main à côté d’elle. Elle soupira et monta ses jambes sur le banc, les collant contre sa poitrine et les entourant de ses bras. Elle inspira profondément, remplissant ainsi ses poumons de l’air frais et pollué, de la grande ville.